Ports de plaisance et changement climatique : une équation financière complexe

Terre-plein du port de La Rochelle suite à une tempête

Tempêtes, phénomènes climatiques violents, montée des eaux... Autant d'enjeux essentiels pour les pratiques nautiques et l'aménagement littoral. BoatIndustry a sondé les exploitants de port de plaisance pour connaître leurs actions, leur degré de sensibilisation et leurs difficultés.

Les ports de plaisance victimes des phénomènes climatiques

Le sujet du changement climatique touche tous les pans de la société. En contact direct avec la nature et son élément principal : l'océan, le nautisme est nécessairement aux premières loges. Les ports de plaisance ont été lourdement touchés ces derniers mois et années par des phénomènes météorologiques dont la violence a tendance à augmenter. Après les images du cyclone Irma aux Antilles, mais aussi des tempêtes en Métropole, comme Xynthia à La Rochelle ou plus récemment Adrian en Corse et en Italie, montrant des bateaux éventrés et des marinas ravagées, BoatIndustry a souhaité interroger les ports de plaisance sur leurs actions pour faire face et anticiper l'évolution du climat.

La tempête Adrian à Rapallo en Italie

Rehausser les quais et renforcer les digues

Le niveau moyen des océans a déjà augmenté. La poursuite de la fonte des calottes glaciaires due au réchauffement climatique devrait amplifier le phénomène. Les dépressions, de plus en plus creuses et violentes, ajoutent une surcote moyenne plus importante, à laquelle s'additionne des vagues plus grosses. La somme de ces éléments implique une modification des infrastructures portuaires, en rehaussant les quais, en rallongeant les pieux de fixation des pontons et en renforçant les digues.

"On voit bien la montée des eaux. Dans nos ports méditerranéens, on constate au moins 20 à 30 centimètres supplémentaires sur les plus hautes eaux." confirme Ludovic Richard de la société Sodeports, gestionnaire depuis plus de 50 ans. "Aujourd'hui, la moitié des quais est à rehausser."

Port du Havre

Le constat est le même dans le Morbihan. "Le rehaussement des quais est en cours à Vannes. Sur la problématique des tempêtes, on travaille sur la hauteur des pieux de fixation des pontons et sur le renforcement des épis de protection de nos ports." indique François Goulard, président de la Compagnie des Ports du Morbihan.

Des investissements complexes à financer

De la sensibilisation à l'action, il y a un pas difficile à franchir. Les travaux sont en général à la charge du gestionnaire de port de plaisance auquel une concession a été donnée par les pouvoirs publics. La durée de ces concessions ayant tendance à diminuer, le temps d'amortissement des investissements s'en trouvent limité. L'arbitrage ne se fait pas toujours en faveur de ces travaux essentiels, mais peu visibles. "Nous sommes sensibilisés, mais pas les collectivités. Il n'y a pas de prise de conscience collective." regrette Ludovic Richard. "On en parle dans les associations de port de plaisance, cela vient juste après le coût de dragage, les fins de concessions et les bateaux abandonnés. Mais ce sont des investissement lourds, difficiles à financer sur des DSP (NDLR Délégation de Service Public) courtes."

Plus d'articles sur le thème
Réagir à cet article
Ajouter un commentaire...